Les 12 bonnes pratiques pour réussir la plantation d’une vigne.

Chaque étape de la plantation représente un véritable enjeu pour le viticulteur. Pour des plants de vigne sains et durables, il est important de préparer le projet bien en amont. Analyser le sol, choisir le matériel, arroser et entretenir les plants : il existe de nombreux points de vigilance, pour éviter le dépérissement du vignoble.

Tour d’horizon des règles d’or à observer pour des plantations de vigne qui allient pérennité et rentabilité.

N°1 – Anticiper la plantation 3 ans à l’avance


La plantation ne s’improvise pas et doit faire l’objet d’un travail de préparation et d’étude poussé. Toutes les décisions qui seront prises au cours du processus portent de lourds enjeux économiques pour le viticulteur et auront un impact direct sur la qualité de la récolte. Il est donc pertinent d’anticiper le projet au moins 3 ans avant, pour avoir suffisamment de temps à consacrer à chaque étape clé.

Le chiffre à retenir : 19 %*

C’est le pourcentage de la surface totale de vignes mères de greffon qui a disparu en seulement 10 ans.

*Source

N° 2 – Penser au repos du sol


Prévoir un certain délai entre deux plantations est aussi l’occasion de laisser le sol se reposer, avant une nouvelle plantation. En effet, il est conseillé d’observer une période de 18 à 24 mois entre l’arrachage et la replantation. Un repos d’autant plus important si la parcelle en question a été contaminée par des virus, comme le court-noué par exemple. Dans ce cas, il est même recommandé d’attendre 7 ans, idéalement, avant d’exploiter à nouveau ce sol.


N° 3 - Analyser le sol


Chaque parcelle est unique. En connaître ses caractéristiques précises est utile pour orienter le viticulteur dans ses décisions. L’étude doit se fonder sur plusieurs aspects : la situation de la parcelle, les horizons du sol, la culture précédente et les leçons à en tirer. Elle doit également inclure des analyses physico-chimiques, en réalisant deux séries de prélèvements sur la parcelle.

Les indicateurs à observer sont :

  • La granulométrie,
  • Le calcaire total,
  • Le calcaire actif,
  • L’indice de pouvoir chlorosant (IPC).
  • La teneur en matières organiques.
  • L’activité biologique du sol.
  • La capacité d’échange des éléments minéraux.


N°4 – Choisir le bon matériel végétal selon le sol et les objectifs


Le choix du matériel végétal
joue un rôle fort dans la récolte, pendant plusieurs dizaines d’années. En premier lieu, l’encépagement dépendra directement des caractéristiques viticoles de la parcelle et du type de vin à produire. Ainsi, les critères à prendre en compte seront nombreux, depuis l’alimentation hydrique jusqu’aux contraintes réglementaires, en passant par l’exposition et la pente de la parcelle. S’intéresser à la demande du marché sera également un point crucial, pour assurer les futures ventes.

Le viticulteur aura tout intérêt, ensuite, à accorder de l’importance au porte-greffe. Ce dernier peut par exemple être particulièrement résistant à l’humidité, au calcaire actif, à la sécheresse ou encore à l’excès de salinité. Bien le choisir permet ainsi de faire face aux contraintes du sol tout en optimisant la production.

L’astuce SITEVI

Le site Plantgrape est une base de données en ligne qui permet d’accéder à la liste complète des clones agréés et des porte-greffes inscrits en France, pour aider les viticulteurs à faire les bons choix.

N°5 – Commander les plants en avance


Anticiper les commandes de plants
est essentiel pour garantir leur bonne disponibilité le moment voulu. En effet, il faut compter pour le pépiniériste 6 à 12 mois pour la production des plants. Il faut également prévoir le délai d’approvisionnement pour tout le matériel végétal. La commande devra donc être passée 18 mois avant pour les plants traditionnels et 8 mois avant pour les plants en pot.

Lors de la réception, les viticulteurs doivent vérifier, pour éviter les déconvenues, la solidité de la soudure et la fraîcheur des racines.


N°6 – Adapter ses pratiques aux types de plants commandés


Les plants traditionnels sont généralement à planter entre février et fin mai, en fonction du sol et de la météo. Avant leur plantation, il faut compter 24 à 48 heures pour leur réhydratation. Les racines sont à tailler selon l’outil de plantation et le bourrelet de soudure devra dépasser de 5 cm du sol. Quant aux plants en pot, il faut prévoir leur plantation entre mi-mai et juillet.


N° 7 - Préparer le sol


Un chiffre à retenir : un sol bien préparé est gage à 80 % d’une plantation réussie. Ce travail permet d’améliorer les propriétés physiques et chimiques du sol, l’objectif étant de booster le système racinaire des jeunes plants et leur développement. Une étude préalable de la fosse pédologique peut s’avérer judicieuse pour déterminer les opérations à réaliser et les outils à utiliser.


N° 8 - Penser à la fumure de fond


La fumure de fond
vient combler les éventuels manques en minéraux des sols (phosphore et potassium, par exemple) et en matières organiques. Les plants pourront ainsi puiser des ressources précieuses pour leur développement dans cette réserve. Elle permet également de corriger si nécessaire l’acidité du sol. Cette opération doit faire écho aux résultats des analyses de sol.

La correction de l’acidité intervient 6 mois avant la plantation. Les matières organiques, quant à elles, sont apportées 3 mois avant, et enfouies à une profondeur de 20 à 30 cm. En cas de carence en minéraux, l’apport de ces derniers peut aussi être réalisé en amont. Ensuite, un entretien sur vigne en place pourra être envisagé.

Bon à savoir

Le pH du sol dans le domaine de la viticulture doit idéalement être supérieur à 5,8.


N° 9 - Émietter la zone d’enracinement au moins 1 mois avant la plantation


Un mois avant la plantation, le viticulteur pourra prévoir une remise à plat du labour, à l’aide d’un cultivateur. L’objectif est d’émietter la terre là où seront enracinés les plants. Ensuite, le désherbage avec une herse rotative permettra d’éliminer les dernières mauvaises herbes. Le choix des outils et du nombre de passages est à adapter en fonction des contraintes du sol. Attention cependant à ne pas trop tasser la terre.


N°10 – Bien arroser les plants


Félicitations :
les vignes sont plantées, après une préparation de plusieurs années. De nouvelles étapes attendent le viticulteur, pour assurer la bonne croissance des plants. Ils sont encore particulièrement fragiles à ce stade et doivent être suffisamment arrosés pour le développement des racines et pour la pousse. Il faut prévoir 5 litres par plant lors de la plantation et des arrosages supplémentaires selon le sol et la météo.


N°11 – Prévoir un entretien mécanique du sol


La priorité suite à la plantation est de permettre aux plantes d’établir leurs racines en profondeur, tout en évitant les mauvaises herbes. L’entretien mécanique est ainsi recommandé pour bien aérer le sol, implanter le système racinaire et éviter le stress hydrique pour les plants. Il permet de réduire l’usage des herbicides mais aussi de limiter le ruissellement. Cependant, il faut prévoir un nombre important de passages.


N°12 - Protéger les jeunes plants des maladies


Dès la première année de plantation, un plan de protection phytosanitaire est à mettre en place. Les jeunes plants sont exposés à de nombreuses maladies et à des ravageurs. Les dégâts peuvent être alors considérables, pas seulement sur la récolte en cours mais aussi pour les années à venir.

Mildiou, oïdium, flavescence dorée, pourritures grise et noire : voici autant de maladies répandues, qui peuvent toucher la vigne. Pour lutter contre le mildiou, il faut adopter une approche préventive le plus tôt possible. Surveiller la météo agricole est aussi indispensable car le mildiou évolue plus vite en cas de fortes pluies. Quant à la flavescence dorée, il faut savoir que la lutte est soumise à une réglementation stricte. Dès la première année de plantation, les viticulteurs doivent appliquer un traitement insecticide si la parcelle est située dans le périmètre de lutte obligatoire.

Travail, patience et endurance sont les maîtres-mots pour réussir un projet de plantation de vigne. Alors que le dépérissement des vignobles Quel est le rôle du Plan national Dépérissement du vignoble ? est une réelle menace, cette feuille de route, présentée par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) lors du salon SITEVI 2021, permettra aux viticulteurs d’adapter leurs pratiques et d’avoir toutes les cartes en main pour optimiser leur productivité.