À l’occasion de l’édition 2021 du salon SITEVI, la Chaire d’entreprise AgroTIC a présenté lors d’une conférence les différentes définitions et les usages du parcellaire numérique pour la viticulture. Découverte des 8 parcellaires numériques et de leurs objectifs spécifiques.
Présentation de la Chaire AgroTIC
La Chaire d’entreprise AgroTIC est un projet mécénal qui regroupe 27 entreprises autour des enjeux associés au numérique en agriculture. Le projet est porté par l’Institut Agro Montpellier et Bordeaux Sciences Agro, sous l’égide de la fondation de l’Institut Agro, la chaire poursuit plusieurs objectifs :
- Partager des informations importantes au sujet du numérique en agriculture,
- Analyser les nouvelles technologies et leurs opportunités d’usage dans le domaine de l’agriculture,
- Identifier les compétences et initier des réseaux collaboratifs.
Dans ce cadre, la Chaire AgroTIC a animé un groupe de travail qui s’est intéressé au parcellaire numérique.
Qu’est-ce que le parcellaire numérique ?
On parle de parcellaire numérique pour évoquer la représentation informatique des contours géographiques des parcelles agricoles et viticoles.
Bon à savoir
Le Registre Parcellaire Graphique (RPG) a été mis en place pour accompagner le déploiement de la PAC. Il réunit toutes les parcelles agricoles déclarées depuis 2015. Cependant, ce référentiel n’est pas applicable aux parcelles viticoles, ces dernières incluant les espaces de circulation autour des vignes.
Le parcellaire numérique permet aux administrations publiques d’instruire les dossiers pour allouer les subventions (PAC ou FranceAgrimer) aux agriculteurs et aux viticulteurs. La façon dont les données sont traitées diffère pour la PAC et pour les aides de FranceAgrimer. Dans le second cas, l’organisme vérifie les parcelles, directement sur le terrain, après avoir reçu la demande d’aide de la part du viticulteur. Contrairement au parcellaire agricole disponible en libre accès via l’IGN, les données liées aux parcelles viticoles ne peuvent pas être consultées. Outre ces usages, le parcellaire numérique peut aussi être un support pour les données déclaratives (récolte), la gestion technique et économique de l’exploitation, la traçabilité des opérations, etc. A chaque usage correspond, aujourd’hui une définition différente du parcellaire numérique.
Il existe 8 catégories de parcellaires, qui présentent chacune des spécificités et des usages précis.
Type 1 – Le parcellaire précis
Il s’agit du parcellaire directement établi par FranceAgriMer, dans le cadre de l’instruction des demandes de subvention des viticulteurs. Un contrôleur vient l’effectuer directement sur place. Les données recueillies incluent l’année de plantation, le cépage, le porte-greffe et la densité de plantation de la parcelle. Ce type de parcellaire implique d’utiliser un récepteur GNSS et un logiciel SIG.
Type 2 – Le parcellaire rapide
Ce parcellaire s’appuie sur un détourage de la surface depuis une carte de type IGN ou Google. Les descripteurs associés dépendent des informations dont dispose l’entreprise ou le client. Avec ce parcellaire, la précision est bien moins importante que pour le type 1 mais il reste particulièrement utilisé pour son aspect pratique et économique.
Type 3 – Le parcellaire CVI (Casier viticole informatisé)
Le parcellaire CVI est réalisé à partir du cadastre et permet aux viticulteurs de réaliser leurs déclarations auprès du service des Douanes. On retrouve plusieurs descripteurs comme l’année de plantation, le porte-greffe, la densité de plantation ou encore le cépage. Lorsque les exploitants n’ont pas de parcellaire de type 1 ou 2, ils peuvent toujours utiliser le parcellaire de type 3 pour piloter leur exploitation. Tous les viticulteurs possèdent a minima un parcellaire de cette catégorie.
Type 4 – Le parcellaire ras du végétal
Le type 4 correspond au parcellaire de type 1 avant que la zone tampon ne soit appliquée. L’objectif est de réduire les effets de bordure qui peuvent fausser la lecture ou l’interprétation des images aériennes. Son usage par les viticulteurs est plutôt anecdotique.
Type 5 – Le parcellaire avec tournières
Avec le parcellaire de type 5, c’est la surface cultivable, incluant les tournières et les bordures de la parcelle, qui est prise en compte. C’est un parcellaire principalement utilisé pour la gestion administrative.
Type 6 – Le parcellaire rangs et pieds
Plutôt destiné à des usages spécifiques (comme le guidage des machines ou le suivi d’éventuelles maladies du bois), le parcellaire de type 6 se réalise avec un récepteur GNSS. Pour chaque rang, il faut relever le point de départ et de fin. Il s’agit d’un parcellaire très précis.
Type 7 – Le parcellaire PAC
Peu utilisé en viticulture, le parcellaire de type 7 s’adresse surtout aux grandes cultures et permet de déterminer la surface dans le cadre des aides de la PAC. La surface utile de la parcelle est prise en compte.
Type 8 – L’intraparcellaire
L’intraparcellaire délimite plusieurs zones à l’intérieur de la parcelle viticole. Ces ensembles homogènes peuvent ensuite servir à déployer des solutions techniques avancées. Le parcellaire de type 8 est encore rare en viticulture.
Dans tous les cas, il est essentiel d’associer certains descripteurs aux parcellaires afin que ces derniers soient pertinents et exploitables. Principalement, ce sont le type de cépages, le porte-greffe, l’année de plantation et la densité de la parcelle inter-rang et inter-cep qui ont été retenus comme descripteurs fondamentaux.
Les limites du parcellaire numérique
Aujourd’hui, il n’existe aucun standard quant aux méthodes de relevé parcellaire, ce qui peut rendre les données imprécises. Étant donné que dans le domaine viticole, elles sont principalement recueillies par des sociétés privées, il est aussi possible que le travail soit effectué en double et que cela représente une réelle perte de temps et d’argent pour les mandataires. Enfin, les fichiers exploitables doivent avoir un format spécifique (.shp et.kml). Or, les exploitants n’ont souvent qu’un fichier pdf, dont l’utilisation reste très limitée.
Face aux écueils du parcellaire numérique dans le monde viticole, cette notion n’est pas totalement maîtrisée pour le moment. Pourtant, elle revêt un caractère stratégique déterminant pour l’avenir de toute la filière. Il faudrait, dans un premier temps, que les administrations puissent partager leurs données et en permettent l’accès aux viticulteurs. Ensuite, la génération de ces différents parcellaires devrait être plus simple à mettre en œuvre, pourquoi pas dès la plantation ?
Pour finir, la prise de conscience générale est un autre axe essentiel : c’est justement l’une des missions de la Chaire d’entreprises AgroTIC et l’un des enjeux de leur conférence lors du SITEVI.
Pour aller plus loin, un document détaillé, édité par la Chaire d’entreprise AgroTIC a été mise en ligne à destination des professionnels